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Miracle du 16 juillet 1784 obtenu par l’intercession de la vénérable sœur Marie de l’Incarnation

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En 1784, Mademoiselle Françoise-Geneviève PHILIPPE, jeune fille de 23 ans, toujours malade, se fait porter presque mourante à une messe matinale au carmel de Pontoise, en la fête de Notre-Dame du Mont Carmel. Guérie miraculeusement après la communion sacramentelle, elle fait elle-même, ci-dessous, le récit de cette guérison éclatante qui va lui permettre de vivre normalement encore 52 ans.
Trois ans après, sa santé s’étant maintenue, elle demande à entrer au Carmel de Pontoise. Mais, les supérieurs préfèrent qu’elle entre dans un carmel où elle sera moins connue, moins « célèbre ». Aussi, prononce-t-elle ses vœux de religion en 1788 au Carmel de Compiègne, sous le nom de sœur Joséphine-Marie de l’Incarnation. En 1794, en pleine Terreur, elle est obligée de se rendre quelque temps à Paris pour régler des problèmes concernant sa pension. C’est à ce moment-là que ses sœurs de Compiègne sont arrêtées, emprisonnées, et très vite guillotinées. Elle échappe ainsi au martyre, mais va consacrer toutes ses forces à faire connaître ces femmes héroïques qui ont offert leur vie pour le salut de la France, et à sauver le maximum de souvenirs les concernant.

MIRACLE DU 16 JUILLET 1784.
OBTENU PAR L’INTERCESSION DE LA VÉNÉRABLE SŒUR MARIE DE L’INCARNATION.

Relation1- Ce manuscrit authentique est conservé aux archives du Carmel de Pontoise. de la guérison de Mlle PHILIPPE qui deviendra l’Historienne des Carmélites de Compiègne.

Relation de la guérison subite et constamment persévérante de Françoise-Geneviève PHILIPPE, arrivée dans l’église des Carmélites de Pontoise le 16 juillet 1784, le jour de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel :
«  Née à Paris le 16 novembre 1761 [écrit-elle à M. de Châtenois, postulateur de la cause de la Bienheureuse Marie de l’Incarnation], je vins au monde sous de fâcheux auspices  : une chute que fit ma mère ayant devancé le terme de deux mois, je parus dans un si mauvais état que les médecins et chirurgiens furent appelés. Je fus mise dans du coton sans espoir de me conserver. Parvenue  néanmoins, malgré divers autres accidents, à ma sixième année, on me mit en pension chez les Dames Ursulines de Pontoise où je fus, je pourrais dire, un pilier d’infirmerie pendant les six ans que j’y passais, ne sortant pas des mains des médecins qui ne trouvaient pas de remèdes propres à faire cesser les vomissements de bile et de sang auxquels j’étais sujette, disant qu’il était urgent de me faire changer d’air et me donner de la distraction, ce qui eut lieu, mais sans grand succès, car rentrée au bout de trois ans dans la même maison, je fus reprise et encore avec plus de continuité et de violence de mes vomissements. Les médecins, lassés de l’inutilité de leurs traitements, en revinrent à leurs premières ordonnances. Après différents déplacements d’un lieu à un autre, je me retirai enfin chez les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, à Vernon, où ma santé se soutint assez bien jusques au mois de décembre suivant où, vers le 8 ou le 9 du même mois, je commençai à éprouver un malaise si grand dans tous les membres et l’intérieur du corps, que je fus trouver la supérieure pour la prévenir que j’allais me faire conduire à la ville avec l’intention de faire mes visites du jour de l’an, et solliciter d’une manière toute particulière les prières des bonnes âmes, parce qu’il me semblait que j’allais faire une maladie des plus extraordinaires. Je sortis et en rentrant le soir sur les sept heures, je demandai de suite mon lit, ce qui étonna fort, ne me couchant en tout temps que sur les onze heures-minuit. On me proposa de prendre un bouillon… je le refusai et eus la fantaisie de demander une noix, mais comme je portais le premier quartier à ma bouche, mes lèvres le rejetèrent et laissant abattre mes bras, je m’écriai  : «  Ah ! que je souffre… Mon Dieu, mon Dieu !  » Je perdis la connaissance l’espace, m’a-t-on dit, de cinq à six minutes. Revenue à moi, je fis des efforts pour vomir, efforts tels que malgré le soutien de quatre personnes des plus robustes, on entendait le craquement des os et je vomis une grande quantité de bile et ensuite le sang tout pur en plus grande abondance encore; le médecin et le confesseur en étaient effrayés. Hors d’état de proférer une parole ni même de répondre par signes, je m’entendis dire de tous les coins de l’appartement  : «  Madame… Madame… recommandez votre âme à Dieu… In manus tuas Domine…  » Le vomissement fut suivi de violentes convulsions, c’est-à-dire qu’à une heure de crise générale succédait une heure d’affaissement et de plaintes et toujours alternativement pendant la durée de vingt-quatre heures. Cette tourmente finie, je restai entreprise des jambes et des bras, surtout du bras droit dont l’affection nerveuse était si forte qu’il était nécessaire qu’il fût fixé contre mon corps avec des bandes, sans quoi ma poitrine se trouvait frappée si rudement que la peau en était noire. La goutte vint se joindre à la maladie des nerfs et m’a causé des douleurs encore plus insupportables, quoiqu’on ne m’administrât que des liquides, bols, calmants à prendre, tout, jusqu’aux gouttes anodines ou autres, tout, dis-je, me provoquait des vomissements. Point de sommeil… la vue altérée, extinction de voix  : il n’y avait pas la plus petite partie de mon corps qui ne fût en souffrance. Or il est à remarquer, d’après la demande des physiciens et maîtres de l’art, que je n’ai jamais éprouvé aucune suppression capable d’occasionner une semblable maladie, déclarée par la Faculté de médecine de Paris violente et incurable.

Le Seigneur, dans sa miséricorde, car je ne puis l’envisager autrement, ayant permis qu’une circonstance nécessitât l’urgence de mon transfert à Pontoise, je m’y fis conduire en litière et y arrivai le 4 août 1783. J’eus à me féliciter d’y retrouver le saint et respectable chapelain et directeur de mon couvent des Ursulines qui, se trouvant logé en face de la maison où j’étais, était à portée de me procurer les secours spirituels dont j’avais un si grand besoin. J’avais aussi la consolation de recevoir journellement la visite de MM. les abbés Coqueret et Boutheiller. Un jour, pendant que j’avais été privée de les voir, je les priai le lendemain de m’en dire la raison… «  C’est, me répondirent-ils, que nous avons été nommés pour procéder à l’ouverture du tombeau de la Vénérable Soeur Marie de l’Incarnation, de la Béatification de laquelle s’occupe le Saint-Siège. Le procès des vertus est fait et celui des miracles le serait de même, sans dit-on, un miracle qu’il faut de plus Inexact  : une centaine de faits miraculeux furent attribués à l’intercession de la Vénérable Sœur Marie de l’Incarnation. Pour réduire les dépenses (la Révolution ayant ruiné les couvents  !) 36 d’entre eux furent présentés à son procès en béatification, les plus nombreux datant du XVIIème siècle. Toutefois, ce miracle du 16 juillet 1784, permit de donner un nouvel éclat à cette cause qui reposait depuis presque 120 ans.… – Oh ! m’écriai-je, si le Seigneur voulait et daignait l’opérer en ma faveur  ! Je me sens bien indigne de cette grâce, mais je me sens en même temps la confiance, Messieurs, que si vous étiez assez bons pour me faire celle de dire une neuvaine de messes à mon intention, prier les Dames Carmélites de s’unir à la neuvaine, nous la ferions entre nous  : je désirerais qu’elle commençât le 7 juillet pour pouvoir la terminer le 16, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel.  »

Le 15 au soir, mon médecin s’étant présenté comme à l’ordinaire  :

«  Je vous fais part, docteur, qu’il se termine aujourd’hui une neuvaine à la Vénérable Marie de l’Incarnation et que je projette de me faire conduire demain à l’église… – Autant, me dit-il, j’approuve les prières, autant je condamne et m’oppose à votre dessein, car c’est en vérité vouloir aller chercher la mort… – Mais, lui dis-je, puisque sans sortir je cours le risque de mourir et que, de votre propre aveu, vous vous attendez chaque jour à en apprendre la nouvelle, eh bien  ! Mourir dans mon lit, mourir à l’église ou en chemin pour y aller, l’un ne vaut-il pas mieux que l’autre ? Répondez…  » Il se lève avec humeur, disant  : «  Faites, mademoiselle, ce qu’il vous plaira, je ne le prends pas sous ma responsabilité.  » Arrive mon confesseur à qui je dis, ma confession faite  : «  Ah ! plaise à Dieu, monsieur, que ce soit la dernière fois que je vous donne la peine de venir  ! – Eh ! quoi, me répliqua-t-il, vous avez donc, madame, une grande confiance de guérir ? – J’ai trop à cœur les intérêts de votre âme pour ne pas m’assurer, avant de vous quitter, que je vous laisse dans une égale disposition d’esprit et de cœur, soit pour la vie, soit pour la mort ; remettez-vous entièrement entre les mains de votre Créateur, votre Sauveur, lui protestant de votre soumission, résignation, abandon à sa sainte Volonté, pour ordonner de votre sort selon qu’il lui plaira.  » Les garde-malades, de leur côté, me dirent qu’elles se refuseraient à laisser entrer les porteurs de la chaise, si elles ne me voyaient pas prendre quelques moments de sommeil, n’ayant pas vu que depuis le 25 mars, fête de l’Incarnation, jusqu’au jour qu’il était, je me fusse assoupie une seule minute et elles disaient juste.

J’invoquai la Sainte Vierge, saint Joseph, mon bon Ange, la Vénérable Marie de l’Incarnation et, comme onze heures sonnaient, je m’endormis et ne me réveillai qu’au bout de l’heure.

Le jour même, à quatre heures précises, les porteurs arrivèrent  : on les fit monter, mais quand ils me virent, ils refusèrent de me descendre. «  Mes amis, mes bons amis, ayez du courage et figurez-vous porter un enfant sans prendre garde à ce qu’il peut en résulter. Ne craignez pas plus que je ne crains moi-même   : Dieu est là et sa bonté vous aidera.  » L’étage à descendre et l’histoire de me placer dans la chaise ne fut pas une petite peine pour eux, mais leur embarras devint encore plus grand quand ils virent l’affreux tremblement de mes membres, la tête tombée de côté, la pâleur de la mort sur le visage… sans parole… Je restai un quart d’heure dans cet état ; je fis signe d’aller. Arrivée à l’église des Carmélites, ma chaise fut placée, j’ignore avec quelle permission, dans le sanctuaire, au bas des marches du grand autel, à droite, près de la grille du chœur. Comme cinq heures sonnaient, M. l’abbé Havard fit l’exposition du Saint Sacrement, et dit la messe. Vers le moment de l’élévation, j’éprouvai des douleurs internes vives et aiguës ; une sueur froide se répandit sur tout mon corps et je me sentis dans un état d’anéantissement si grand que je crus toucher à mon heure dernière… J’employai toute la connaissance qui me restait à conjurer la divine Bonté d’attendre que j’eusse eu le bonheur de fortifier mon âme du pain de Vie. Le prêtre, en m’apportant la sainte hostie, fut si frappé de l’altération de mes traits, de la pâleur du visage et de l’immobilité de mon corps qu’il me fit les demandes qu’on a coutume de faire aux mourants, m’ajoutant que si je l’entendais, je lui répondisse par des signes de tête. Je le fis, mais ces signes lui parurent si faibles qu’il crut devoir prendre la précaution, vu la difficulté que j’avais à présenter ma langue, d’avancer le saint ciboire jusques auprès de mes lèvres (déclaration faite par lui, écrite et signée de sa propre main). Je ne puis rendre compte de ce qui se passa en moi jusques à la fin de la Messe que, sentant mes forces revenir, j’attendis que le prêtre fût descendu de l’autel et rentré dans la sacristie, pour faire signe aux porteurs de me mener à la chapelleDans cette chapelle se trouvait le mausolée en marbre où reposait la précieuse dépouille de la Vénérable Sœur Marie de l’Incarnation. Les Archives Vaticanes détiennent un croquis de ce mausolée, reproduit au début de cette communication. où reposait la précieuse dépouille de la Vénérable Sœur Marie de l’Incarnation ; mais ma garde, effrayée par l’aspect de ma vue, pressa mon départ de l’église, disant que la grille était fermée, que c’était la Sœur Thérèse, seconde tourière du dehors, qui en avait la clef ; que cette Sœur était allée aux provisions et qu’on ne pouvait dire l’ heure à laquelle elle rentrerait. Les porteurs se mirent alors en devoir de passer leurs barres et au même moment qu’ils commençaient à soulever la chaise, je me levai de mon siège et allais sortir, lorsque ma garde épouvantée, s’imaginant que c’était un dernier effort de la nature, se précipite sur moi pour m’arrêter. Je lui dis d’un ton très ferme, sans la regarder  : «  Je vous remercie, je n’ai pas besoin de votre secours.  » J’allai de suite m’agenouiller sur les marches de l’autel, y faire mon action de grâces pour le bonheur que j’avais eu de pouvoir communier, et c’est en produisant des actes de foi, d’amour, de reconnaissance, d’une faveur si signalée, que j’eus le sentiment peu à peu de l’heureuse révolution qui s’était opérée dans tout mon être physique et moral…, l’usage libre de mes membres, la tête, la poitrine, l’estomac bien dégagés et sans la moindre douleur, enfin parfaitement guérie, et dans un calme et une grande tranquillité d’esprit qui approchait, j’ oserais dire, de celle des bienheureux dans le ciel, où toutes mes pensées se reportaient avec une si grande douceur et suavité qu’ il me semblait ne plus tenir à la terre. On vint me tirer de cette espèce d’extase, M. l’abbé Amiot me faisant prier de passer à la sacristie. Je me levai, fis ma révérence au saint Sacrement, et ma première parole, en abordant cet ecclésiastique, fut de lui dire  : «  Priez le Seigneur, monsieur, qu’il n’en soit pas de moi comme d’un jeune homme que j’ai entendu dire avoir obtenu sa guérison du serviteur de Dieu Benoist Joseph Labre et qui malheureusement en fait un très mauvais usage.  » Après avoir pris deux ou trois cuillerées de chocolat qu’on m’avait préparé, j’eus toutes les peines du monde à me faire passage pour retourner à l’église où je désirais entendre une messe d’actions de grâces. L’affluence du monde était si grande qu’on me fit cette fois prendre ma place au pied du maître-autel. J’entendis deux messes qui se dirent successivement et je les entendis toutes deux à genoux, tandis qu’il ne m’était jamais arrivé d’en entendre une seule sans avoir les mains appuyées et sans m’asseoir deux ou trois fois. Une personne étant venue me faire signe que la Mère Prieure était à la grille du chœur, qui désirait me parler, cette bonne et tendre Mère dont j’avais reçu les caresses dans le temps que j’étais encore au berceau, m’exprima sa joie par ses larmes. Je la remerciai des prières qu’elle et sa Communauté avaient eu la bonté de faire pour moi, la priant, suppliant, de vouloir bien me les continuer. J’assistai à la grand-messe, et quoique très près du lutrin, je ne fus nullement incommodée des voix des chantres, des serpents, etc… La rumeur avait été si grande dans l’église dès avant dix heures que non seulement tous les Suisses des paroisses avaient été mis en réquisition, mais encore le corps des pompiers et ce qui se trouvait de troupes dans la ville. A l’issue de la messe, je montai au parloir où la Communauté avait eu la bonté de se rassembler. Notre communication fut de suite interrompue par l’arrivée des magistrats de la ville, le lieutenant, M. de MonthiersC’est ce Monsieur de Monthiers qui sauva les reliques de Bienheureuse Marie de l’Incarnation en les transportant dans son château de Nucourt en septembre 1792. Le 7 mai 1822, il les rendit aux carmélites de Pontoise, aux acclamations de la ville entière., le procureur du Roy, M. de la Forêt, le notaire apostolique (je n’ai pas su ou j’ai oublié leurs noms). Ces messieurs vinrent pour dresser procès-verbal, lequel ne fut dressé qu’après un assez long interrogatoire. Les garde-malades et jusqu’à la domestique furent aussi interrogées et on exigea de toutes trois qu’elles assurassent leurs déclarations d’un serment. Le serment prêté, elles se retirèrent, et après que le procès-verbal fut dressé (j’oublie qu’on m’avait fait écrire à Notre Saint Père le Pape Pie VI), recommandation me fut faite de ne pas m’absenter de la ville pendant un mois et de trouver bon que mon médecin continuât ses visites pendant tout le cours du mois. – Je descendis avec ces messieurs [prêtres] pour me rendre à la salle à manger où j’étais attendue pour le dîner par douze convives tous prêtres. Je ne me rappelle les noms que de quatre d’entre eux qui étaient MM. les abbés Amiot, Havard, Auvray, chanoine du chapitre de Saint-Melon et le curé de Notre-Dame.

Comme la fête était tombée un vendredi et que je refusais de faire gras, je fis mon repas d’une simple soupe au lait et pris ma part du plat d’œufs à la neige. Qui pourrait s’imaginer que pendant l’espace du dîner, je quittai la table, au rapport de ces messieurs, trente-deux fois, sollicitée à me montrer à des voyageurs de diligences, voitures de maître et chaises de postes. Conseillée aussi de me rendre au vœu du public, je restai deux grandes heures entières sur mes jambes, à me laisser féliciter, embrasser par tous, chacun indifféremment. Je ne pus me débarrasser de la foule qu’en promettant que je reviendrais aussitôt le salut. J’arrivai à l’église et trouvai le prédicateur en chaire, qui semblait m’attendre, n’ayant commencé qu’après que j’eus fait mon acte d’adoration et me fus assise sur le fauteuil près ceux de MM. les ecclésiastiques. L’exorde du sermon fut tout entier relatif à la grâce que j’avais reçue. Un Te Deum fut chanté après le salut. Il me fallut, à mon regret, remettre au lendemain à visiter la chapelle de notre Bienheureuse Sœur. Sur le désir que j’éprouvais d’aller voir mes bonnes religieuses Ursulines, il fut résolu que je n’irais qu’accompagnée des douze convives du dîner, de la compagnie des pompiers, suisses et des amies particulières qui voudraient bien faire partie de mon escorte. J’allai, sans du tout prendre garde à cet essaim de monde qu’on m’a dit remplir les rues et les fenêtres des maisons. Je revins de même, et quoique les personnes qui ne m’ont pas quittée de la journée aient prétendu que j’avais eu à répondre à plus de huit mille âmes, je puis dire avec la grâce de Dieu, avoir conservé le calme, la tranquillité du matin et ne m’être pas sentie fatiguée, malgré la chaleur excessive qu’il a fait ce même jour. Voyant sur les onze heures et demie que le monde ne voulait pas se retirer, on employa, la ruse de me faire quitter ma chambre pour entrer dans une autre et on fut leur dire que c’était en vain qu’ils attendaient, puisque j’étais sortie. On attendit jusqu’à minuit à envoyer dire aux porteurs de venir me chercher. Rendue à mon domicile, je trouvai une société d’hommes qui me dirent être très empressés de connaître les merveilles que le Seigneur avait opérées en m’a faveur…

Je suis avec respect, en union à vos saints sacrifices, monsieur l’abbé, Votre très humble et très obéissante servante F. G. PHILIPPEEn réalité, cette jeune personne était une fille naturelle que le Prince de Conti eut de Marie-Madeleine Jolivet que l’on maria à un boulanger de ce même Prince, appelé Pierre-Martin PHILIPPE. Elle fut baptisée en l’église Notre-Dame de Pontoise et reçut sa vie durant une pension du Prince. en religion Sœur Joséphine-Marie de l’Incarnation, religieuse Professe de la ci-devant Communauté des Carmélites de Compiègne dont 16 ont été moissonnées par la «  faulx  » révolutionnaire le 17 juillet 1794.  »